Dans le cadre de la préparation aux conflits de haute intensité et l’entrainement à la neutralisation des menaces aériennes, en particulier les drones, les deux bâtiments de la Marine nationale ont effectué des tirs de missiles surface-air Aster 15 et Aster 30.
Les deux plus importantes unités du groupe aéronaval français, déployé depuis le 22 avril en Méditerranée dans le cadre de la mission Akila, ont procédé peu après leur départ de Toulon à des tirs d’entrainement au large du centre DGA Essais de missiles du Levant. Le porte-avions Charles de Gaulle a lancé un Aster 15 alors que la frégate de défense aérienne Chevalier Paul a tiré un Aster 30. Cela, à quelques heures d’intervalle. « Ces tirs de préparation opérationnelle, réalisés grâce au savoir-faire de la Marine nationale et à l’expertise de la Direction générale de l’armement (DGA), ont été conduits dans un environnement reproduisant une situation aéronavale proche de celle pouvant être rencontrée en opérations. Le Chevalier Paul, qui avait le rôle de chef de la défense aérienne du GAN, a neutralisé une menace aérienne à grande distance dans un environnement non permissif à l’aide d’un missile antiaérien Aster 30. Le Charles de Gaulle a quant à lui tiré avec succès un missile Aster 15, atteignant sa cible aérienne », précise le ministère des Armées. Celui-ci ajoute que ces tirs ont été effectués sur des cibles aériennes téléopérées simulant des drones de reconnaissance et des missiles antinavires. Elles ont été mises en œuvre par les équipes de la DGA depuis le centre du Levant, qui a assuré la coordination des tirs. « Ils visent à améliorer les capacités de nos systèmes, entrainer nos équipages et optimiser la défense en force navale constituée. Ce type de tir entraîne les équipages à faire face à des situations de haute intensité, susceptibles d’être rencontrées par les bâtiments de combat de la Marine nationale. Il souligne l’exigence de réalisme apportée à l’entraînement des forces. Il démontre la pertinence et l’efficacité du système de défense en couches du groupe aéronaval ».
Considéré comme l’un des meilleurs missiles surface-air au monde, l’Aster, développé par MBDA, a été conçu dès l'origine pour la lutte anti-missile. Doté d'une grande agilité, il peut détruire, à l'impact, des missiles assaillants très rapides, manœuvrants, à vol rasant et fort piqué final. Son autodirecteur radar, capable de détecter des cibles furtives, lui permet de traquer son objectif en toute autonomie, offrant au bâtiment porteur la capacité de tirer simultanément plusieurs Aster et, ainsi, de contrer les attaques saturantes. Le missile existe en deux versions, l'Aster 15 et l'Aster 30, éprouvées ces derniers mois en situation de combat avec la neutralisation en mer Rouge de drones et missiles tirés par les rebelles yéménites houthis.
L’Aster 15, long de 4.2 mètres pour 18 centimètres de diamètre et 310 kilos, peut atteindre la vitesse de Mach 3 et offre actuellement une portée d’environ 30 kilomètres (une nouvelle version, l’Aster 15 EC, d’une portée doublée, va être développée). Plus grand, l’Aster 30, long de 4.9 mètres pour une masse de 450 kilos, vole à Mach 4.5 et peut atteindre des cibles à plus de 120 kilomètres. Une nouvelle version va voir le jour avec une capacité d’interception augmentée pour traiter des missiles balistiques d’une portée allant jusqu’à 1500 km. Il s’agit de l’Aster 30 Block 1 NT, qui équipera les frégates de défense aérienne après leur rénovation à la fin de la décennie.
Dans la Marine nationale, ce système surface-air équipe le porte-avions Charles de Gaulle (quatre lanceurs octuples Sylver A43 pour 32 Aster 15), les frégates de défense aérienne Forbin et Chevalier Paul (six lanceurs Sylver A50 pour 48 Aster 15 et Aster 30), les frégates multi-missions (FREMM) Aquitaine, Provence, Languedoc et Auvergne (deux Sylver A43 pour 16 Aster 15), les FREMM Bretagne et Normandie (deux Sylver A50 pour 16 Aster 15 et Aster 30), ainsi que les FREMM à capacités de défense aérienne renforcées Alsace et Lorraine (quatre Sylver A50 pour 32 Aster 15 et Aster 30). Les cinq nouvelles frégates de défense et d’intervention (FDI) en seront également dotées, avec pour le moment deux lanceurs Sylver A50 pour Aster 15 et Aster 30, un emplacement conservatoire permettant au besoin de doubler cette dotation (ou panacher des Aster avec des missiles de croisière navals tirés depuis des lanceurs Sylver A70 comme c’est le cas sur les six premières FREMM qui peuvent embarquer 16 MdCN).