Article de presse : MBDA et Safran confirment que leur lance-roquettes multiple Thundart effectuera ses premiers tirs en 2026

27/10/2025

Si elle veut disposer d’une division « bonne de guerre » en 2027, l’armée de Terre doit impérativement se doter de nouvelles capacités dans le domaine des feux dans la profondeur. Et même les renforcer. Ce qui passe par l’acquisition de drones tactiques et de munitions téléopérées [MTO] à longue portée ainsi par le remplacement du Lance-roquettes unitaire [LRU], dont les neufs derniers exemplaires mis en œuvre par le 1er Régiment d’Artillerie [RA] sont sur le point d’arriver au bout de leur potentiel.

« J’en ai besoin de manière urgente, c’est structurant pour moi », a encore insisté le général Pierre Schill, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 23 octobre. Or, comme il l’a rappelé, « la rapidité d’acquisition » de ces lance-roquettes multiples [LRM], d’une portée de 150 km, est liée aux capacités de l’industrie à les fournir.

La Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, qui prévoit l’acquisition d’au moins treize nouveaux systèmes avant 2030, impose à la Direction générale de l’armement [DGA] de rechercher prioritairement une solution souveraine. D’où le programme FLP-T [Frappe longue portée terrestre], pour lequel elle a mis en compétition deux groupements d’industriels, à savoir Thales/ArianeGroup et MBDA/Safran.

Devant les députés, le 22 octobre, le Délégué général pour l’armement, Emmanuel Chiva, a confirmé qu’une démonstration de tir serait organisée en mai 2026 afin de départager les deux solutions en lice. À l’issue, a-t-il dit, la décision de continuer ou non dans cette voie, sachant que les délais de livraison feront l’objet d’une attention particulière, devra être prise.

Dans le même temps, des solutions étrangères sont également étudiées.

« Il serait criminel de la part de la DGA de ne pas examiner des solutions sur étagères, fussent-elles étrangères », a dit M. Chiva. Parmi celles qui sont [ou ont été] envisagées, il a notamment cité le M142 HIMARS américain et l’EuroPULS, dérivé du système israélien PULS. Les deux ont d’ores et déjà été écartées.

S’il n’a pas donné les raisons ayant motivé la mise à l’écart de l’EuroPuls, le Délégué général pour l’armement a expliqué que les Américains avaient « les mêmes problèmes que nous, à savoir pouvoir produire et livrer dans les temps ». Dans ces conditions, une troisième solution, indienne, pourrait être éventuellement choisie.

« Nous nous tournons plus vers l’étude d’une solution qui pourrait être dérivée du Pinaka indien. Une évaluation est en cours et ceci pourrait entrer dans le cadre de nos relations globales et de coopération avec l’Inde », a expliqué M. Chiva.

Quoi qu’il en soit, et même si le Foudre de Turgis & Gaillard suscite l’intérêt de la DGA et de l’armée de Terre, la priorité est pour le moment donnée au programme FPLT, et donc à la démonstration des systèmes développés par Thales/ArianeGroup et MBDA/Safran.

Pour le moment, Thales et ArianeGroup n’ont que très peu communiqué sur la solution qu’ils envisagent de soumettre à la DGA. Ce qui n’est pas le cas de MBDA et de Safran qui, via un communiqué diffusé le 23 octobre, ont assuré que le lance-roquettes multiple « Thundart » serait prêt pour la démonstration de tirs prévue en mai prochain. À cette occasion, ils ont donné quelques détails sur leur LRM.

« Thundart est un système d’artillerie de nouvelle génération qui s’appuie notamment sur une roquette sol-sol d’une portée de 150 kilomètres », ont d’abord souligné les deux industriels. Il bénéficiera de « l’expérience robuste » que Safran a obtenue grâce à l’Armement Air Sol Modulaire [AASM], dont le kit de guidage lui sera adapté.

En outre, « étant 100 % français » [mis à part son nom], le Thundart « proposera une puissance de feu accrue, une capacité de saturation et la réactivité nécessaires dans un conflit de haute intensité », tout en étant « mobile en tout chemin, autonome et résilient aux changements de températures ». Enfin, il pourra viser aussi bien des cibles fixes qu’en mouvement et se connecter au système ATLAS [automatisation des tirs et liaisons de l’artillerie sol/sol]. Sa « conduite de tir sera adaptée à celle actuellement utilisée sur le CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie] et conçue par Safran Electronics & Defense », précise le communiqué.

Selon les deux industriels, le Thundart sera « ITAR Free » [c’est-à-dire qu’il ne contiendra aucun composant américain susceptible de faire l’objet de la moindre restriction à l’export]. « MBDA peut compter sur ses usines de la région Centre-Val de Loire, équipées pour la production en série de munitions tactiques dans ce format », font-ils par ailleurs valoir.

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